Fred Solojak

Fred Solojak

Avec cette fille...

 


 

 

Fred Solojak a été bien plus niais qu'il ne l'est à présent (Seigneur, comment est-ce possible ?)... Mais qui s'en souvient ? "Cette fille", peut-être ?... Au cœur d'une forêt ardennaise dont les arbres, les oiseaux quarantenaires et les chenilles qui auraient oublié de devenir papillons, se souviennent de ce couple étrange cherchant un abri pour leurs « je t’aime » et ne trouvant finalement que matière à se déchirer...

(Dan Bracco, rédac ’chef)

 

 

 

Avec cette fille, en un très vieil été,

Dans la forêt odorante,

D’un trait bonheur, j’avais magnifié les heures

Qui s’écoulaient si lentes et trop douces souvent

Au point qu’elle soupirait, comme si elle s’ennuyait…

 

Elle me serrait dans ses bras, je me demandais pourquoi,

On aurait dit qu’elle voulait m’apprendre quelque chose,

Mais moi je ne comprenais pas, je n’étais pas comme elle,

Incapable d’imaginer le formidable exploit

De dévoiler à un sombre ingénu

Les rivages lumineux où il fait bon s’aimer…

 

Avec cette fille, l’automne d’après,

Dans la forêt rougie,

D’un trait douleur, j’ai oublié les heures

Disparues sous les arbres, sur la feuillée,

Et j’ai pu crier, haut et fort et tout seul:

« Je t’aime, reviens ! »

Mais seul un oiseau moqueur, du haut de son arbre,

M’a entendu avant de s’envoler, le croupion narquois…

 

Avec cette fille, l’hiver a duré,

Dans la forêt givrée,

D’un trait rageur, je bousculais les heures,

Cherchant à retrouver, dans la boue gelée,

Quelques souvenirs éperdus

De ma  triste épopée…

 

Et sans cette fille, le printemps est revenu,

Dans la forêt pimpante,

D’une esquisse de trait, j’ai raturé les vieilles heures

Où j’avais ressenti une sorte d’émoi,

Parce qu’une peau si douce et des mains affolées

M’indiquaient un chemin que je voulais connaître,

Sans oser cependant y poser un premier pas…

 

Ce qu’elle voulait, je l’ai su bien plus tard,

Quand j’eus appris moi-même à dompter le hasard,

À créer des gestes flous comme des caresses,

À murmurer des mots fous comme des promesses,

Mais elle n’était plus là pour applaudir et aimer,

Ce qu’elle avait essayé, en vain, de me faire deviner…

 

Fred Solojak



15/09/2012
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