Fred Solojak

Fred Solojak

La parole est aux personnages.

 

1 - Les mécontents...

 

Clément Bracco

 

« Ce crapuleux Solojak m’a décrit comme un larbin de la guigne et de l’indifférence ! Il me balance sans arrêt Lola dans les gencives, prétextant que je suis démoli par sa fuite. Mais elle pouvait bien se tirer si c’était là son karma ! Il se prend pour qui, cet écrivain-là ? Pour Dieu le Père ? Il me fait rencontrer une extra-terrestre qui chavire d’amour pour tout et pour rien... Et le pire, voyez-vous, est qu’il ne me laisse aucun autre choix que de la suivre ! Il me manipule, me modèle, me transforme, me convertit ! À quoi ? Seule El, tout simplement, pourrait le dire... Personnellement, je n’ai pas tout à fait compris ; j’étais parti pour une ascension en montagne et je me suis retrouvé au fond d’un gouffre...

Sur ce, j’allume une cigarette car le scribouillard a décidé pour moi que je devais fumer à m’en vitrioler les poumons ! »

 

Ludovic Grand

 

Bon, voilà, le « roman » est terminé. J’en illumine exactement les vingt premières pages, les meilleures, sans aucun doute, de l’ouvrage. J’aurais pu, si je m’étais laissé faire, être le héros de l’aventure. Moi, l’Immense, le meilleur alpiniste de tous les temps, je suis relégué, par ma seule volonté, à un rôle de second plan... En effet, qu’aurais-je été faire dans la « Directe du Grand Pic », en compagnie d’une fille qui n’était même capable de se payer le matériel adéquat ? J’ai bien fait d’empoigner très vite l’éponge et de la passer sur le reste du combat...

Je préfère oublier ce... Comment s’appelle-t-il encore ? Ce Solojak...  Il n’est pas digne de moi. Point final.

 

Eva

 

Je suis, semble-t-il, la pute de service, sous prétexte que j’aime jouer avec les hommes. C’est un peu court, moi qui tient si bien la distance sur le sujet. J’ai d’énormes qualités, je le sais. Au fil du bouquin, aucune d'entre elles n'apparaît.  Il y est même écrit que je suis une fille qui ne sait pas compter, ce qui, en conséquence, fait « que je ne compterai jamais pour personne ». Quelle audace dans le jugement ! Quel aveuglement sur l’âme humaine ! Je sais, moi, que la vie est courte et que si je n’en tire pas, au maximum, la substantifique moelle (je suis quand même régente littéraire !), je raterai mon passage sur terre. Ce Solojak, au lieu de se servir de moi comme sparadrap au chagrin amoureux de Bracco, aurait pu avoir la décence de me considérer pour ce que je suis : un personnage annexe mais tout à fait utile ; sans moi, Bracco serait peut-être parti en montagne... Mais sans Elodie ! Et tout serait resté dans un ordre qui, foncièrement, lui était déplaisant...

 

2 - Les indécis de l’aventure...

 

Zian

 

" J’ignorerai toujours comment je me suis retrouvé dans cette galère. Je ne suis pas homme à grimper les montagnes, ni même à fréquenter les patelins d’altitude. Je voulais juste rester tranquille, à boire et à fumer, à délirer et à me piquer, jusqu’à ce que la mort me délivre. Il apparaît, selon certains, que j’ai eu un rôle de choix dans la "Bonne Nouvelle selon Elodie": celui d'annoncer sa venue... C’est possible et j’aurais pu même jouer le jeu au grand jour, si celui-ci m’avait rapporté de la tune ! Hélas, ce ne fut pas le cas. De toute façon, les épaves finissent toujours par se dissoudre quand elles ont atteint le fond de l'océan... "

 

KATE

 

« J’ai été impressionnée par Elodie. Par son mystère, par son charisme. Très vite, elle est devenue une fidèle compagne. Pourtant, moi, je ne lui ai rien donné, pas même une croûte de pain. Elle, elle m’a tout confié, son âme, sa vie. Le grand mec qui l’accompagnait, Bracco, n’était absolument pas du même bois qu’elle. C’était un monstre d’orgueil, irascible à l’excès. Qu’importe ! Le paradoxe est criard : c’est lui qu’El a choisi comme « premier disciple ». Le mot prête à rire ? Tant pis, c’est si facile de se moquer de ce que l’on ne comprend pas... Moi, dès que j’ai rencontré Elodie, je n’ai eu de cesse que de chercher à la comprendre. Ce challenge m'est devenu essentiel. J’ai enfin saisi la différence entre « faire l’amour » et « être l’amour ». Riez, braves gens ! Ca ne m’empêche pas de vous aimer, à la façon d’Elodie, toute en abnégation et en espérance... Espérance en quoi ? Mais en VOUS, tout simplement... »

 

3 - Les témoins percutés

 

David Malcovici

 

"Témoin, moi ? Mais de quoi donc ? Je n’ai vu débarquer dans mon royaume qu’une anarchiste de choc, jolie certes, mais strictement incapable de concevoir que le montagnard obéit à une religion immuable, ferme comme le roc, et dont je suis un des grands prêtres ! Sans moi, pas d’épanouissement dans l’alpinisme ! Je suis le garant de la loi. Elle ne pouvait pas le comprendre, cette fille dont Bracco, que j’avais toujours cru intelligent, s’était entiché. Je ne leur ai même pas souhaité bon vent dans la Directe du Grand Pic... J’étais outré d’avoir été pris pour un con, surtout par elle... Je sentais qu’elle allait profaner le Temple, le détruire sans doute, en promettant de le rebâtir en trois jours... Elle est folle à jamais. Le savoir, l’admettre, ne me console pas, cependant, de ne pas avoir pu la mettre dans mon lit..."

 

L’adjoint Thomas

 

"J’apparais comme celle qui ne croit que ce qu’elle voit. Rapport à mon nom de famille, sans doute ? Si c’est le cas, c’est très facile... J’ai aussi des sentiments qui me portent vers l’invisible. Je m’en méfie, je ne le nierai pas. Mais je suis toujours prête à essayer de comprendre avant de juger...  D’abord, j’ai cru que monsieur Bracco était fou puis j’ai admis qu’il était extrêmement malheureux. Il a donc quitté la sphère dans laquelle j’évolue et qui s’appelle « Gendarmerie Nationale ». En effet, on n’arrête pas les malheureux. Si un jour, je dois le revoir en dehors de mon service, peut-être espérerai-je qu’il me drague. C’est un bel homme, je suis une belle fille. Ca, c’est du réel, « du vrai »... Faire un bout de chemin en sa compagnie ne doit pas être déplaisant... En attendant, je me contente de mon combat quotidien : me coltiner les gauloiseries de mes collègues masculins et leur prouver que je ne suis pas une simple fliquette puisque je parviens à influencer le redoutable chef Detarse..."

 

Le chef  Paul Detarse (Adjudant au peloton de gendarmerie de haute montagne)

 

« Le 17 juillet 1984, j’ai interrogé un quidam qui prétendait avoir fait la voie dite de « la Directe », au Grand Pic du val d’Ailegarde, sans matériel, en compagnie d’une fille dont il était incapable de donner le nom exact... Son récit était tellement incohérent que j’ai hésité à le faire transférer dans une unité de soins spécialisés.  Il s’appelait Clément Bracco et le lendemain, il quittait la région... Bon débarras ! J’ai horreur de ce genre d’illuminés pour qui nous risquons régulièrement notre vie, etc...»

 

 4 - Elodie...

 

— Je ne sais pas ce que veut dire Fred Solojak quand il me qualifie de « championne inconsciente d’un autre monde »... Moi, je vivais, tout simplement, dans l’illusion — oui, « l’illusion » —  que je n’avais que vingt-cinq ans et que je tenais donc encore mes crayons de couleurs en main...  J’avais mon dessein — "mon but" — devant moi. Je pouvais le colorier. Avec du bleu surtout... J’aime tant le bleu. Le bleu, comme il me semble l’avoir dit à ce pauvre Bracco, au début de notre aventure, est la couleur du ciel... J’adore ce genre de banalités... Elles nous permettent de rester en phase avec la réalité. Si vous expliquez à une personne sensée que le ciel est bleu, sans employer une seule fois cet adjectif, comment cette personne va-t-elle pouvoir vous prendre au sérieux ? Or, malgré ce que monsieur Solojak pense de moi, je veux être prise au sérieux ! Je vis pleinement dans la conscience de cette volonté. Et si, par désir de trop bien faire, il m’arrive d’être maladroite, pourquoi ramasser un caillou et me le jeter à la figure ?... Bracco, je veux parler de ce pauvre Clément, ne me l’a jamais expliqué... Je pense qu’il a agi par réflexe, pour se protéger, pour sauver, sans doute, ce qui restait de vivant en lui... Je me trompe : quand je l’ai rencontré, il n’était déjà plus vivant... Il était en roue libre, les yeux fermés, les mains loin du volant, le pied à fleur de l’accélérateur... Je pense qu’il en était arrivé à dialoguer avec la mort, comme d’autres vont au bistrot et rencontrent, chaque soir, le même copain dont ils ignorent le nom... On ne lui confie rien, on ne lui promet rien. Ce copain « est » comme une tranche d’éternité. Bracco souhaitait la mort parce qu’il était fasciné par une fidélité que « sa » Lola lui avait refusée...

Je m’exprime mal. Parce que je ne sais que penser de lui. C’est un homme fort, beau, viril sans doute. Je suis une femme, belle, désirable, je crois... Mais je suis compliquée, si compliquée... Alors, les hommes s’écartent de moi. Sauf Bracco, me semble-t-il, qui m’a suivi jusqu’au terme de ma quête de l’inutile...

 

 

Pour mieux connaître ces personnages,  COMMANDEZ "El, tout simplement..."! (Cliquez)



15/01/2012
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