AFRIQUE (1)
Les os des enfants noirs blanchissent sous la lune
L’Afrique n’est qu’une plaie purulente
Dégorgeant des torrents de viscères anonymes
Que stigmatisent de leurs dédains les pontes
De l’Occident, du Proche, du Moyen, du Plein Orient
Que nous sommes, ô sacrés veinards omniprésents !
Je vois des flots de sang noir abreuver les trottoirs
Je suis la bête occidentale assoiffée de désespoir
Car je sais que dans ma folie scintille la sombre errance
D’un avenir impossible au seuil de notre décadence
Je danse et danse repu et fier
Sous le soleil arthritique d’un monde à l’envers
La manne incestueuse de nos délires pervers
Ensemence le sable chaud des dunes altières
Les frondaisons obèses de la jungle
Et les ondulations ocres de la savane incendiaire
Pour qui est né dans ma ville industrielle
Où l’on importait du fond des mines en plein ciel
Les minerais rares et les matières dernières
Est-il utile ou futile de rappeler
Qu’en d’autres temps l’homme d’Afrique fut le premier des géants
Et nous le tout dernier de ses enfants ?
Qu’importe ! J’ai eu envie de crier cette Afrique que je ne connais pas
Dans un chant libérateur, un hymne inutile
Mais qui écoute le vent quand le vent se tait ?
Les murmures du silence fractionnent mes nuits
Qui donc sont les coupables de tous ces assassinats ?
L’antique colonisation devenue stérile ?
Le new capitalisme imbécile ?
La cupidité effrénée des potes en tas locaux ?
Ou plus simplement l’humanité égarée
Dans son immonde besoin de fuir ses responsabilités
Face à la mort de millions d’innocents
Écartelés entre les besoins impératifs de l’homme blanc
Et leurs si faibles espérances de survivre un peu plus longtemps ?
Alors moi personnellement et moi seulement
Je deviens sombre et blafard enfant d’Afrique
Récoltant sous la lune les os blanchis de mes frères
Afin d’en dresser un double mausolée :
Celui de l’improbable pardon et celui de l’impossible oubli !
Fred Solojak
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 12 autres membres