Fred Solojak

Fred Solojak

Le monde change... (le jardin 1)

Le monde change.

Et moi ?

Non…

 

Le monde, c’est quoi ?

Toi ? Moi ? Nous ? Eux ?…

Non…

 

Le monde d’ici, c’est personne.

C’est une abstraction.

Basse. Vile. Commerciale.

Un théâtre. De m…

 

Car le monde, le vrai,

Ni toi, ni moi, ni nous, ni eux,

C’est avant tout :

L’arbre, la fleur, la terre,

Le feu, la montagne, le désert,

La rivière, le fleuve, la mer,

L’oiseau, l’insecte, le mammifère,

Le poisson, le serpent, le soleil et la lune.

En quelques mots,

Les fragiles éléments d’une création

Belle, si belle, qu’elle aurait pu être éternelle

Si nous n’avions pas été là…

 

Car toi, moi, nous, eux, face à ÇA,

Avec nos ventre creux, nos bourrelets grassouillets,

Nos crédits bancaires, notre pognon,

Nos religions, nos opinions,

Nos cancers, nos accidents vasculaires,

Nos prises de sang, nos scanners,

Nos soifs de baise, nos pépies de liberté,

Nos caricatures de prophètes, nos guéguerres larvaires,

Nos hommes politiques, nos pseudos mystiques,

Nos relaxations vichnouisantes, nos sports olympiques,

Nos barbarismes colériques, nos bipolarités nombriliques

Notre langage écharpé par la flibuste de banlieue,

Nos smartphone(s) délivrant des sms loqueteux,

Nos envolées chimériques et notre rapacité frénétique,

Qu’est-on, sinon cons 

Et vains et sinistres ?

 

Le monde change,

Moi pas.

J’évolue…

Car de la fleur éclose au matin

Jusqu’à l’ombrée odorante du soir,

Je cherche l’entrée du jardin…

 

Elle n’est pas dans ton regard, ô mon aimée,

Dans la main de l’enfant, ô mon adoré,

Dans l’épaisseur de mon portefeuille, ô mon banquier,

Dans le chrome de ma limousine, ô mon voisin enjalousé…

Dans les frissons colorés de Monet, dans les accents de Brel,

Dans le style envolé de Solojak*, dans celui d’Aymé Marcel**,

Ou dans le fion en feu de la fille de la fermière autrefois indifférente***

À mes regards enamourés de si piètre dilettante…

 

Non, l’entrée du jardin est là où je pose mon sac,

Où je m’assois et ferme les yeux.

Je tends la main ; un souffle s’y dépose.

Je n’ai rien à craindre, je sais que c’est le tien…

Toi : le monde, le vrai, le mien, le nôtre…

Le promis, le déchu, le relevé,

Monde ressuscité d’entre tous les mondes,

En de lents matins aux aurores endiablées…

 

Qu’il m’arrive de contempler

Quand je parviens à oublier

Le jeu sinistre que je suis obligé de jouer...

 Fred Solojak

 

*quoique…

**ouah la rime !

*** que de « F » !



06/09/2014
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