Avertissement...

Cet avertissement figure dans le livre. Il est destiné à me dédouaner pauvrement de ce que certains (certaines) pourraient penser de moi... Il tente aussi de justifier le sous-titre "fable" figurant sur la couverture.

"Pas plus que vous ne rencontrerez, dans une forêt, un renard amateur de fromage entubant un corbeau, vous ne dénicherez sur une carte de géographie ou sur le « Net » tout puissant, une piste et un chemin de fer de Kuzimu.

Il est tout aussi évident qu’aucun reporter, même propriétaire d’une Porsche, ne s’aventure seul, caméra à l’épaule, dans une forêt tropicale. Enfin, ne sommes-nous pas suffisamment subtils et éduqués pour ne pas être abusés par des images délivrant une surinformation échappant à tout contrôle ?

L’Afrique est un continent, le premier dans l’ordre alphabétique (il devrait l’être aussi dans le désordre…), et non une Cour des Miracles peuplée de militaires en rupture de régiment éventrant des mères ou décapitant des opposants. Si d’aucuns estiment qu’au fil de ces pages s’élèvent des relents de racisme étayés par des clichés caricaturaux, je leur demande de me pardonner. Je ne l’ai pas voulu.

Ce que j’ai voulu, c’est me souvenir…

D’un enfant africain de deux ans à peine, nu, abandonné sur un couffin de boue, d’urine et de larmes, dans une forêt tropicale.

Filmé par un reporter, bien réel celui-là, dont j’ai oublié le nom.

C’était il y a quarante ans, à la télé, tard le soir… J’étais seul dans une grande maison. J’ai failli pleurer, comme une mère, parce que ce n’était ni une fable, ni une mise en scène. C’était un appel assourdissant à ma conscience d’Européen blanc, bien nourri, aux proches attentifs à son bien-être et à son avenir…

Cet enfant est-il devenu adulte, est-il mort ? Je l’ignore.

J’ai simplement voulu le ressusciter dans ma mémoire. Rien de plus…

Et tant pis pour ceux et celles qui, une fois pour toutes, ont décidé que les corbeaux et les renards ne sont pas capables de parler !

FS (juin 2019)"

12/11/2019