Fred Solojak

Fred Solojak

Ça cause !

Ça cause !

Ça cause, de tout et de rien,

De la pluie, du ciel serein,

Des gros pépins, des petits ennuis,

De nos divorces, de nos pannes au lit…

 

Ça cause !

En tous lieux, même au WC,

Voilà que je parle à la brosse à le récurer !

Même quand je suis seul, faut que je bavasse,

Sans risque de me faire traiter de c..asse ;

Normal, je suis ce qu’on appelle un mec,

Un vrai, un dur, un satané pète-sec !

Certes, ma femme ne dit pas ça à sa copine,

Quand voilà qu’elles comparent nos p… 

 

Car même de ça, ça cause !

Et là on ne murmure plus, on fait claquer les mots !

Les histoires de cul, qu’elles soient en vers ou en prose,

Faut qu’on les entende de Paris à Toronto !

 

Ça cause !

En toutes langues, en tous pays, en toutes villes,

De marais en montagne,

De  forêt en campagne,

Des Aléoutiennes en Sibérie,

De Calcutta en Amazonie,

Nous voilà tous affirmant,

Pontifiant, délirant, devenus savants,

Lecteurs de magazines, de fanzines, d’horoscopes et j’en passe,

Arpentant bourbiers des rues glauques ou moquettes des palaces,

Croyant tout savoir sans jamais rien pratiquer,

Et surtout pas l’amour, la solidarité, le simple partage,

Si ça n’a l’honneur d’un reportage,

Aux actus, sur FB, à télé-gnangnan,

Afin qu’on dise de Moi tout en Me décausant,

Que Je suis le meilleur, si bon, si fervent,

Dans l’aide que J’apporte à tant de pauvres gens…

 

Oui, ça cause !

De Dieu, des anges, des prophètes, alalah !

Tout y passe et si j’osais, je dirais « sans tralala » ;

Puis de bagnoles aussi,

De l’ultime Béhèmemercosaudi,

Celle qui file à deux cents,

Tout en vous causant de tous ses écrans...

 

Ça cause !

De chiffons et de falbalas griffés,

Ces loques de luxe pour luxuriants paumés ;

De sportifs médaillés comme des bœufs de comices,

Promenant à l’envi leurs musculatures factices ;

De mon club de foot, encore battu,

Mais c’est pas de sa faute, l’arbitre était vendu ;

De la dernière émission télé,

Qu’est en passe de se réaliser,

Une fois qu’on aura trouvé les milliards,

Pour bien faire saliver ceux qui n’ont pas un liard ;

De cet homme politique troussant une bonniche d’étage

Parce que sa légitime, si elle a des dollars,

Est quand même devenue un brin sèche au plumard…

 

Ça cause !

Jusqu’à l’heure de la mort,

Où là, fiévreux et parlotant encore,

L’on se rappellera que si on l’avait bouclé,

On aurait pu, peut-être,

Essayer de naître

À notre unique devoir,

Celui d’écouter en silence

Le cri des affamés,

Avant de leur tendre la main,

Garnie d’un cadeau immense :

Un tout petit bout de notre pain quotidien…

Fred Solojak



10/02/2013
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